ODE A L'ARBRE

Qui a vu quelque fois un grand chêne asséché,
Qui pour son ornement quelque trophée porte,
Lever encore au ciel sa vieille tête morte,
Dont le pied fermement n'est en terre fiché,

Mais qui dessus le champ plus qu'à demi penché
Montre ses bras tout nus, et sa racine torte,
Et sans feuille ombrageux, de son poids se supporte
Sur un tronc nouailleux en cent lieux ébranché:

Et bien qu'au premier vent il doive sa ruine,
Et maint jeune à l'entour ait ferme la racine,
Du dévot populaire être seul révéré:

Qui tel chêne a pu voir, qu'il imagine encore
Comme entre les cités, qui plus florissent ore,
Ce vieil honneur poudreux est le plus honoré.

Joachim du Bellay
(1522-1560)

Comments

[jenovefa]

@Karine
l'arbre déraciné a été pris en photo dans la forêt Vosgienne. Il était seul étendu au milieu des autres grands arbres, c'était triste et beau à la fois.

[karine]

j'aime vraiment beaucoup l'avant-dernière, une vraie scupture!!!

[bergaminet]

Quelles belles séries (Arbres et autres) tu nous proposes ! C'est un bonheur.

[Brinounette]

Très belles photos et beau texte pour illustrer

[Framboise44]

j'aime beaucoup la dernière photo .. par contre Du Bellay, ca rajeunit pas ...
bonne soirée